
Mobilité périurbaine : innover là où les solutions font défaut
Dans les franges urbaines, entre ville compacte et campagne diffuse, la mobilité devient un angle mort des politiques publiques.
Faute d’offres adaptées, les habitants de ces zones, souvent en forte croissance démographique, restent dépendants de la voiture individuelle. Pourtant, les territoires périurbains concentrent des enjeux cruciaux : équité d’accès aux services, lutte contre l’isolement, réduction des émissions, résilience territoriale.
À l’heure de la sobriété et du numérique, comment penser autrement la mobilité du quotidien ?
Des besoins massifs, encore sous-estimés
Les espaces périurbains hébergent aujourd’hui une part importante des classes moyennes actives.
Ces zones, ni suffisamment denses pour justifier un réseau urbain structurant, ni assez isolées pour relever d’une logique rurale, peinent à trouver leur place dans les schémas de mobilité. Résultat : l’auto-solisme domine, avec des effets négatifs bien connus — congestion aux entrées de ville, pollutions locales, précarité énergétique, sédentarité.
À cela s’ajoute une inégalité d’accès aux soins, à l’emploi et aux services publics, notamment pour les jeunes, les personnes âgées ou les ménages non motorisés.
Des initiatives locales qui changent la donne
Face à ce constat, plusieurs collectivités expérimentent des solutions innovantes. L’Ille-et-Vilaine déploie un système intégré combinant lignes régulières, transport à la demande (TAD) et plateforme MaaS accessible en zone peu dense.
Dans la Drôme, des coopératives locales opèrent des navettes partagées entre villages et pôles de services, avec des horaires adaptés au rythme de vie local.
En Île-de-France, la région teste l’adaptation de titres de transport intégrés au-delà des périmètres traditionnels, en lien avec les intercommunalités.
Autant d’exemples qui montrent qu’en partant des usages réels et non des standards urbains, on peut concevoir des services efficaces, flexibles, et appropriables.
Des freins multiples : techniques, institutionnels et sociaux
Mais ces expérimentations restent isolées, souvent dépendantes d’un élu moteur ou d’un financement temporaire. Les obstacles sont nombreux :
- Économiques, avec un coût par passager élevé en zone peu dense ;
- Techniques, du fait de l’absence de billettique interopérable ou d’outils de réservation partagés ;
- Institutionnels, en raison de la dispersion des compétences entre communes, intercos, départements et régions.
Par ailleurs, le numérique, pourtant porteur de promesses, se heurte ici à une double limite : l’accès au réseau (zones blanches ou grises) et la fracture numérique des publics. Intégrer des plateformes MaaS ou du TAD via appli suppose une ingénierie adaptée, des médiateurs numériques et un accompagnement dans le temps.
Pour une mobilité sobre, territorialisée et co-construite
L’avenir ne réside pas dans le « copier-coller » de modèles urbains. Ce qu’il faut inventer, ce sont des solutions modulables, évolutives, ancrées dans le tissu local. Cela suppose une vision intégrée entre urbanisme, transport, services publics, mais aussi la valorisation d’initiatives ascendantes (associations de mobilité, entreprises de l’ESS, collectifs citoyens). Les tiers-lieux peuvent jouer un rôle clé comme points de connexion et de gouvernance partagée. L’État, via le programme TENMOD ou les nouveaux contrats de plan État-Région, a un rôle structurant à jouer pour outiller, financer et essaimer.
Euromove : un espace pour bâtir des réponses collectives
Penser la mobilité périurbaine, c’est répondre à une demande sociale forte, mais aussi ouvrir un chantier stratégique pour la transition écologique et la cohésion territoriale.
Euromove 2026 propose un cadre unique pour croiser les retours de terrain, valoriser les bonnes pratiques et poser les bases de politiques de mobilité adaptées aux réalités locales.
Pour les exposants — entreprises du numérique, opérateurs de services, start-up territoriales, cabinets d’ingénierie —, c’est l’opportunité de se positionner au cœur de ce défi contemporain, là où les besoins sont les plus criants et les perspectives de développement les plus stimulantes.